Par un après-midi postpascal, je tombe sur le documentaire Chercher le courant de Nicolas Boisclair et Alexis de Gheldere mis en ligne le 24 avril sur tou.tv et diffusé précédemment le 22 avril sur Radio-Canada.
"Si vous payez un compte d'électricité vous devez voir ce film !"
En 2008, accompagnés de deux environnementalistes, ils décident de parcourir la rivière Romaine qui sera le théâtre d’un grand projet hydroélectrique d’Hydro-Québec. Durant le parcours de 500 km, ils documentent le paysage et les impacts qu’aura le projet sur celui-ci. Avec le comédien Roy Dupuis, les deux hommes se questionnent sur les manières de produire et de consommer l’énergie dans le Québec d’aujourd’hui.
C’est un documentaire fascinant et rafraîchissant qui bien loin de diaboliser facilement l’énergie hydraulique, cherche plutôt à nous éclairer sur les alternatives. « Je ne veux pas décider pour la population québécoise, je veux que ça soit eux qui décident mais qu’ils aient tous les outils nécessaires pour le faire » nous explique Roy Dupuis, également président de la Fondation Rivières.
Car oui, il y en a des alternatives… On apprend notamment (chiffres à l'appui!) que l’énergie de la géothermie, de la biomasse, solaire ou même éolienne coûterait moins cher et serait bien plus productive que la construction d’une autre centrale hydroélectrique sur la rivière Romaine.
Et pourtant, Hydro-Québec ne veut pas « changer une recette payante » même pour une autre recette bien plus payante économiquement, socialement et bien sûr plus respectueuse de l’environnement.
« Sommes-nous toujours maîtres chez nous? »
Cette société d’État qui s’est pourtant targuée d’être la fierté du Québec finit par détruire le pays dont elle vient et à berner les Québécois. Quand on apprend que ce seront les contribuables qui paieront les surcoûts des projets hydrauliques (comme développer le projet de la rivière Romaine à 10¢ le kWh et vendre cette énergie aux Américains à 5 ou 6¢ le kWh), on peut sérieusement douter qu'Hydro-Québec est une fierté québécoise...

Le temps du parcours (500 km en canot !), Nicolas Boisclair, éco-pédagogue, nous explique que la rivière Romaine est devenue sa « coloc ». Par ce rapprochement, par cette compréhension, la prise de conscience devient insupportable et la tristesse prend sa place : « Ici, c’t’une place pour un parc national, pas pour une poignée de kWh. C’est d’l’insconscience pure ! » nous explique l’un des participants du parcours.
Française d’origine, mon imaginaire du Canada avec ses grands espaces sauvages vendus à grands coups d’affiches dans le métro parisien prend un sacré coup de jus ! Alors que le Jour de la Terre bâtait son plein le 22 avril, est-il encore possible d’imaginer un Jour de la Terre tous les jours ? Est-il encore possible de se dire qu’on ne veut plus « harnacher nos rivières » comme on harnacherait notre identité ?
En tout cas, le documentaire est une belle réussite. Si « heureux sont les ignorants » alors ce film ne rend pas heureux mais plus conscients et vous donnera peut-être vous aussi l’envie d’agir et la force de décider d’être maître de chez vous…
Loin d'être défaitiste, et même si le documentaire me laisse un goût amer, je reste consciente que notre avenir nous appartient et qu'il est de notre devoir de le protéger face à ceux qui veulent nous le prendre. Comme j'ai l'habitude de le dire, je pense que deux petits gestes par jour multipliés par 365 font 730 gestes par an... ça commence à peser dans la balance ! Et votre pouvoir commence au quotidien, dans votre tête, dans votre maison, dans vos transports, au travail... partout où vous pourrez agir pour qu'on ait plus besoin de "chialer" devant un documentaire qui nous ramène à la réalité.
Et vous ? Quand commencerez-vous votre Jour de la Terre ?
Et vous ? Quand commencerez-vous votre Jour de la Terre ?
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