Je fais partie de celles (et de ceux plus généralement), qui se lassent à la longue de la Journée internationale de la Femme. Le concept des « Journées » m’ennuie terriblement et j’ai plutôt l’habitude d’éviter le flot exténuant d’informations redondantes.
Mais voilà… ma condition féminine me donne le goût de répondre aux climato-sceptiques qui nous disent « que l’écologie ramènerait la femme à la maison », et autres bêtises du genre. J’ai donc décidé de répondre aux clichés et de vous apporter une lecture réaliste et pragmatique sans aucun larmoiement stupide, sur le rôle de la femme dans la consommation responsable.
Pour réfléchir à cette question, j’ai demandé à Audrée Favreau-Pinet, entrepreneure, cofondatrice de l’organisme Écotrip, et France Levert, présidente du C.A. du Réseau des femmes en environnement, de me partager leur point de vue.
Pourquoi une journée de la femme ?
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Crédit : Écotrip |
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Audrée Favreau-Pinet est une jeune entrepreneure. Son credo : l’écologie positive ! Elle sensibilise aux causes environnementales grâce aux outils de communication actuels. Nul doute que ses talents de communicatrice et de pédagogue la mèneront loin. Oui, mais voilà… « J’écoutais Radio-Canada ce matin, et une étude m’a frappée ! Au Canada, 47 % des entreprises n’ont même pas une femme dans leur C.A. » s’exclame-t-elle.
Ok, voilà qui boucle les « Aujourd’hui, les femmes ont bien trop de pouvoir ! Vous avez tout ce que vous voulez ! Et les hommes dans tout ça ? Blablabla… »
« Je pense que la femme a une intelligence émotionnelle qui aiderait les entreprises à développer un management différent, plus proche des employés, avec une organisation plus transversale », me rappelle Audrée. « Mais il y a malheureusement des femmes qui, dans un univers d’hommes, deviennent de véritables tyrans pour gagner leur respect ». Voilà qui boucle les « Si on vous le donne le pouvoir, ça va être le chaos. Blablabla… »
Femmes et consommation responsable ?
Et le développement durable dans tout ça ? Bien que ce secteur soit considéré comme « plus ouvert » sur l’égalité des sexes, les femmes sont en majorité reléguées aux rôles de communicatrices et chargées de projet, tandis que les « décideurs » sont plus nombreux chez les hommes. Damn !
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France Levert |
Et pourtant, l’égalité des sexes serait essentielle au développement durable. Selon l’étude sur l’égalité des sexes comme prérequis pour un développement durable (Gerd Johnsson-Latham, Environment Advisory Concil, Sweden, 2007), 75 % à 85 % des décisions de consommation pour le foyer seraient prises par la femme. Elle aurait également une plus faible empreinte écologique que l’homme (dû à la part de temps consacré aux loisirs moins importante chez les femmes que chez les hommes). Enfin, gagnant moins bien sa vie que l’homme et ayant des valeurs de consommation différentes, la femme ferait des choix de consommation moins coûteux, et moins polluants. Voilà qui boucle les « Les femmes ne décident de rien dans nos sociétés ! Blablabla… »
France Levert m’explique également que les femmes seraient moins représentées dans les climato-sceptiques et auraient une sensibilité beaucoup plus importante pour la santé environnementale. J’en conclus qu’elles ont une approche différente du développement durable qui est complémentaire avec celle des hommes.
Bien que l’étude soit réalisée en Suède, les chiffres représentent des indicateurs qui reflètent une réalité ressentie dans de nombreux pays, dont le Québec qui présente de grandes similarités avec la Suède (conditions climatiques, avantages sociaux, etc.).
Comment faire ?
Pas de scoop pour l’instant, les hommes et les femmes ont une approche différente quant à la consommation responsable. Ils sont donc tous deux « décideurs », dépendamment de leur place dans la société. Bonne nouvelle !
Mais pour répondre aux climato-sceptiques, qui nous disent que « l’écologie ramènerait les femmes à la maison » à coups d’allaitement et de couches lavables, mes deux intervenantes me rappellent qu’il s’agit surtout d’une affaire de couple et de société. « L’écologie » n’a jamais dit que la femme devrait rester à la maison. Ce sont bien les hommes et la société patriarcale qui se choquent de voir un sein nourrir un enfant en public ou de laver un petit caca… « C’est aussi de la responsabilité de la femme d’impliquer l’homme dans les tâches domestiques quotidiennes et d’accepter que ça soit fait différemment… », m’affirment mes deux représentantes. Concernant les couches lavables, rappelons qu’il est également possible d’utiliser plus de couches lavables à la maison, et de se dépanner en couches jetables à l’extérieur. Les entreprises de couches jetables ont aussi la responsabilité de créer des matériaux moins polluants pour l’environnement.
Pour conclure, je pense effectivement que les hommes et les femmes sont complémentaires, et qu’il serait temps de se comprendre pour se respecter. Nous avons tous un rôle majeur qu’il s’agit d’exploiter pour bâtir un monde meilleur. Je terminerai avec une phrase d’Audrée « Les hommes et les femmes seront véritablement égaux quand il n’y aura plus de féminisme ou de Journée de la femme ».
Audrée Favreau-Pinet est cofondatrice d’Écotrip, un organisme qui fait la promotion du développement durable grâce à la production de vidéos et la communication web. Plus d’info :
http://www.ecotrip.qc.ca/obnl.html
Le Réseau des femmes en environnement est un organisme qui réunit des professionnelles en environnement. Le réseau offre un centre de partage, de réflexions et de ressources sur le développement durable. Plus d’info :
http://www.rqfe.org/